Je ne me souviens pas de l'origine de cette expression affreusement pléonastique, que j'entends parfois dans des bouches pourtant convaincues de parler de manière cultivée. Or, bien évidemment, c'est dire deux fois à la suite la même chose. En fait cette expression trouve son origine dans l'ironie pratiquée par des gens bien pensant qui se moquaient d'une forme de parlure populaire: des personnes qui, ne comprenant pas le sens du terme "incessamment", le répétaient en y adjoignant un autre terme, "sous peu", mieux compris, lui, venant ainsi confirmer le sens du premier terme en effectuant une vilaine redondance. Certains beaux esprits ont cru bon de reprendre l'expression ainsi constituée, "incessamment, sous peu", forme qui s'est banalisée, mais n'en reste pas moins fautive.
On a failli voir, il y a quelque temps, une autre forme s'imposer un peu de la même manière, dont l'auteur était le coureur cycliste Richard Virenque. On se souvient en effet qu'il avouait avoir été dopé "à l'insu de son plein gré", au lieu de dire "à son insu", ou encore "contre son plein gré". L'expression qu'utilisait alors Richard Virenque se manifestait en fait comme un lapsus, révélant que la prise de produits prohibés aurait dû se passer à son insu, et contre son plein gré. Le téléscopage de ces deux termes, contradictoires, dévoilait une réalité qui pouvait ainsi s'appliquer à un certain nombre d'autres réalités, tels que des détournements d'argent, des prises de bénéfices curieuses, des "parachutes dorés", des délits d'initiés, bref, toutes sortes de choses qui ont eu tendance, dans la dernière décennie, à se multiplier. On a alors entendu quelques journalistes ou chroniqueurs de radio s'essayer à employer l'expression avec la même ironie que celle qui avait été utilisée pour "incessemment sous peu". Sans beaucoup de succès ? Une observation dans quelques années pourra nous dire si c'est le cas.
A lire, La puce à l'oreille, de Claude Duneton.
Editeur Li Livre de Poche nouvelle édition 2002 - Edition originale 1990
Collection Ldp, numéro 5516
Nombre de pages 506 pages
Format 11 cm x 18 cm
ISBN 2253027049
lundi 3 mars 2008
dimanche 20 janvier 2008
Adieu à Valence
Pas Valence en Catalogne, Valence en Drome (sans accent circonflexe, qui est un abus d’écriture étant donné que les trois-quarts de la Drome prononce le o ouvert méridional, Valence en étant la limite nord).
Valence, j’y suis né, et j’y ai grandi. Est-ce pour cela que je n’aimais pas cette ville ? Quinze ans après la fin de la guerre, j’ai le souvenir de quartiers du centre ville encore en ruines. Le centre ville, c’était les boulevards, ses petits restaus, ses cinémas. Le Provence, était le plus grand, et c’est là qu’on allait au ciné-club scolaire le dimanche matin. De l’autre côté du boulevard, on avait à la suite le Paris et le Mistral. Et encore un, dont j’ai oublié le nom, qui par la suite s’était spécialisé dans le X, derrière le Provence.
Avenue Pierre Semard, rue de la gare, il y avait le Rex. Et dernier cinéma je crois, le Chalet, rue Fulton. Le seul film que j’y ai vu devait être La vache et le prisonnier, d’Henri Verneuil, avec Fernandel. http://fernandel.online.fr/films/vache_et_prisonnier.htm
Plus tard, la MJC du Polygone offrait de nouveaux horizons sur le cinéma avec ses séances « Art et essai », on l’on découvrait Scorsese, Bertrand van Effanterre, Jean Eustache, Ken Loach, Faßbinder et tant d’autres…
Et puis Valence a changé de visage, tout doucement, ou parfois brutalement.
Le vieux Valence, la Grand rue, la place de la Pierre, ont vu leurs habitants changer, les loyers augmenter, les restaus familiaux devenir des restaus à la mode. Le « Petit Napoléon », les « pianos Langenddorf » ont fait place à d’autres commerces qui se sont succédé au rythme des modes de boutiques de fringues. Les vieux, les Nord-Africains et les marginaux qui vivaient là se sont déplacés vers d’autres quartiers, la ZUP de Valence-le-haut, Bourg-lès-Valence, et n’y sont pas revenus.
Et puis il y a des changements brutaux qui sont de l’ordre des caprices impériaux.
Valence, c’était aussi la rue Victor Hugo, qui, des boulevards au Pont-des Anglais, était cette immense voie vers le Sud, bordée de chaque côté de grands platanes, rattachant Valence comme limite extrême aux pays plus en relief de la vallée de la Drome, puis à Montélimar et aux vallées du Roubion et du Jabron, puis au Nyonsais et aux Baronnies.
Le Pont-des-Anglais est devenu un grand échangeur duquel tout piéton est banni, déversant ses flots de véhicules depuis l’entrée d’autoroute vers le sud, vers Grenoble… Le plateau de Lautagne, petit ilôt d’agriculture au sud-est de Valence, a été asphyxié par l’immense tranchée que le « délestage » autoroutier a imposé.
Le dernier grand bouleversement en ville, après avoir vu la disparition des grands magasins (Les Dames de France, les Nouvelles Galeries), est le passage au bulldozer des boulevards. Si Valence n’avait pas de cachet particulier comme ville, les boulevards réunissaient autrefois de nombreux petits commerces ; les aires de jeux rassemblaient les enfants vers la fontaine qui faisait face aux Nouvelles Galeries, et les jours de grosses chaleurs, l’été, promener sous les platanes, s’asseoir sur un banc restait un vrai plaisir. Des clowns parfois donnaient un spectacle de rue, les marchands de barbe à papa de pralines et de cacahuètes tournaient leurs mixtures dans de grandes bassines d’aluminium gris ou de cuivre rouge…
Le délestage d’une partie du trafic routier a permis de réduire les voies automobiles des boulevards. On en a profité pour couper ce qui restait de platanes. La fontaine ronde dont on admirait les aiguilles de glace, l’hiver, a été déportée de devant le bâtiment délabré des Nouvelles Galeries. Il reste les façades des maisons haussmanniennes qui surplombent encore l’immense esplanade qui descend vers le Rhone (sans accent), empruntée aux Cités obscures d’Urbicande http://www.urbicande.be/ . Les platanes ont été remplacés par de curieux bouquets géants de fleurs en tube d’aciers, qu’éclairent de leurs lueurs inquiétantes des rampes lumineuses.
Je croyais que c’était moi qui avais renoncé à Valence depuis longtemps. C’est Valence qui a dit adieu à elle-même.
Valence, j’y suis né, et j’y ai grandi. Est-ce pour cela que je n’aimais pas cette ville ? Quinze ans après la fin de la guerre, j’ai le souvenir de quartiers du centre ville encore en ruines. Le centre ville, c’était les boulevards, ses petits restaus, ses cinémas. Le Provence, était le plus grand, et c’est là qu’on allait au ciné-club scolaire le dimanche matin. De l’autre côté du boulevard, on avait à la suite le Paris et le Mistral. Et encore un, dont j’ai oublié le nom, qui par la suite s’était spécialisé dans le X, derrière le Provence.
Avenue Pierre Semard, rue de la gare, il y avait le Rex. Et dernier cinéma je crois, le Chalet, rue Fulton. Le seul film que j’y ai vu devait être La vache et le prisonnier, d’Henri Verneuil, avec Fernandel. http://fernandel.online.fr/films/vache_et_prisonnier.htm
Plus tard, la MJC du Polygone offrait de nouveaux horizons sur le cinéma avec ses séances « Art et essai », on l’on découvrait Scorsese, Bertrand van Effanterre, Jean Eustache, Ken Loach, Faßbinder et tant d’autres…
Et puis Valence a changé de visage, tout doucement, ou parfois brutalement.
Le vieux Valence, la Grand rue, la place de la Pierre, ont vu leurs habitants changer, les loyers augmenter, les restaus familiaux devenir des restaus à la mode. Le « Petit Napoléon », les « pianos Langenddorf » ont fait place à d’autres commerces qui se sont succédé au rythme des modes de boutiques de fringues. Les vieux, les Nord-Africains et les marginaux qui vivaient là se sont déplacés vers d’autres quartiers, la ZUP de Valence-le-haut, Bourg-lès-Valence, et n’y sont pas revenus.
Et puis il y a des changements brutaux qui sont de l’ordre des caprices impériaux.
Valence, c’était aussi la rue Victor Hugo, qui, des boulevards au Pont-des Anglais, était cette immense voie vers le Sud, bordée de chaque côté de grands platanes, rattachant Valence comme limite extrême aux pays plus en relief de la vallée de la Drome, puis à Montélimar et aux vallées du Roubion et du Jabron, puis au Nyonsais et aux Baronnies.
Le Pont-des-Anglais est devenu un grand échangeur duquel tout piéton est banni, déversant ses flots de véhicules depuis l’entrée d’autoroute vers le sud, vers Grenoble… Le plateau de Lautagne, petit ilôt d’agriculture au sud-est de Valence, a été asphyxié par l’immense tranchée que le « délestage » autoroutier a imposé.
Le dernier grand bouleversement en ville, après avoir vu la disparition des grands magasins (Les Dames de France, les Nouvelles Galeries), est le passage au bulldozer des boulevards. Si Valence n’avait pas de cachet particulier comme ville, les boulevards réunissaient autrefois de nombreux petits commerces ; les aires de jeux rassemblaient les enfants vers la fontaine qui faisait face aux Nouvelles Galeries, et les jours de grosses chaleurs, l’été, promener sous les platanes, s’asseoir sur un banc restait un vrai plaisir. Des clowns parfois donnaient un spectacle de rue, les marchands de barbe à papa de pralines et de cacahuètes tournaient leurs mixtures dans de grandes bassines d’aluminium gris ou de cuivre rouge…
Le délestage d’une partie du trafic routier a permis de réduire les voies automobiles des boulevards. On en a profité pour couper ce qui restait de platanes. La fontaine ronde dont on admirait les aiguilles de glace, l’hiver, a été déportée de devant le bâtiment délabré des Nouvelles Galeries. Il reste les façades des maisons haussmanniennes qui surplombent encore l’immense esplanade qui descend vers le Rhone (sans accent), empruntée aux Cités obscures d’Urbicande http://www.urbicande.be/ . Les platanes ont été remplacés par de curieux bouquets géants de fleurs en tube d’aciers, qu’éclairent de leurs lueurs inquiétantes des rampes lumineuses.
Je croyais que c’était moi qui avais renoncé à Valence depuis longtemps. C’est Valence qui a dit adieu à elle-même.
mercredi 16 janvier 2008
Le salaire d'un travailliste ?
A propos justement de Tony Blair, une petite brève, lue dans le Monde du 11 janvier, nous apprend que notre cher Tony, très cher, devient conseiller de la banque d'affaires américaine JP Morgan, recruté le 10 janvier. Selon le cabinet de recrutement, il serait payé plus de 1 million de dollars par an comme conseiller financier.
"Changer, changer, changer", notamment de train de vie !
Question naïve : comment se fait-il que ceux qui remettent en cause les acquis sociaux des précaires émargent à de tels émoluments ?
mardi 15 janvier 2008
dimanche 13 janvier 2008
INCIPIT
Ici commence ce blog.
En janvier 2008, j'ai résolu de parler de nombreuses choses qui me tiennent à coeur.
D'abord un ras-le-bol d'un certain nombre de personnes omniprésentes sur les ondes, les chaînes de télévision, les journaux, dont le rôle est d'enfoncer, outre qu'elles oeuvrent à leur promo personnelle, un peu plus le clou de l'idéologie dominante, libéralisme, défense de la Nation comme valeur sacrée, etc.
Entendu sur France-Inter aujourd'hui : Eric Zemmour, inénarrable de stupidité conservatrice. Dans la même foulée, le clown de service franco-allemand, accessoirement ancien soixante-huitard, Dani Cohn-Bendit, toujours très fort pour expliquer qu'il a dû faire des erreurs, mais aujourd'hui, il est passé à autre chose. On n'a plus vraiment de raison de se révolter, disait-il en substance, surtout moi qui suis député européen. Ben t'as raison, mon pote, touche ta paye de député, mais surtout, ferme-la.
Tony Blair, de chez Guignol, est allé faire le beau à la maison UMP, pour expliquer qu'il fallait "Changer, changer, changer". Oui, en effet, il faut s'adapter au monde pour ne pas disparaître. On appelle ça du darwinisme social. Qu'est-ce que tu veux changer, brave Tony? Les pauvres?
Mais oui, et si on les faisait tous disparaître? Non, peut-être pas tous, il en faut beaucoup pour travailler, et comme il meurent plus vite, on peut les renouveler plus souvent.
Et si c'était le monde qu'il fallait changer, encore et toujours, et si, au lieu d'accepter une soi-disant fatalité, on considérait que le pouvoir de la démocratie pouvait avoir prise sur le réel?
En janvier 2008, j'ai résolu de parler de nombreuses choses qui me tiennent à coeur.
D'abord un ras-le-bol d'un certain nombre de personnes omniprésentes sur les ondes, les chaînes de télévision, les journaux, dont le rôle est d'enfoncer, outre qu'elles oeuvrent à leur promo personnelle, un peu plus le clou de l'idéologie dominante, libéralisme, défense de la Nation comme valeur sacrée, etc.
Entendu sur France-Inter aujourd'hui : Eric Zemmour, inénarrable de stupidité conservatrice. Dans la même foulée, le clown de service franco-allemand, accessoirement ancien soixante-huitard, Dani Cohn-Bendit, toujours très fort pour expliquer qu'il a dû faire des erreurs, mais aujourd'hui, il est passé à autre chose. On n'a plus vraiment de raison de se révolter, disait-il en substance, surtout moi qui suis député européen. Ben t'as raison, mon pote, touche ta paye de député, mais surtout, ferme-la.
Tony Blair, de chez Guignol, est allé faire le beau à la maison UMP, pour expliquer qu'il fallait "Changer, changer, changer". Oui, en effet, il faut s'adapter au monde pour ne pas disparaître. On appelle ça du darwinisme social. Qu'est-ce que tu veux changer, brave Tony? Les pauvres?
Mais oui, et si on les faisait tous disparaître? Non, peut-être pas tous, il en faut beaucoup pour travailler, et comme il meurent plus vite, on peut les renouveler plus souvent.
Et si c'était le monde qu'il fallait changer, encore et toujours, et si, au lieu d'accepter une soi-disant fatalité, on considérait que le pouvoir de la démocratie pouvait avoir prise sur le réel?
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