Pas Valence en Catalogne, Valence en Drome (sans accent circonflexe, qui est un abus d’écriture étant donné que les trois-quarts de la Drome prononce le o ouvert méridional, Valence en étant la limite nord).
Valence, j’y suis né, et j’y ai grandi. Est-ce pour cela que je n’aimais pas cette ville ? Quinze ans après la fin de la guerre, j’ai le souvenir de quartiers du centre ville encore en ruines. Le centre ville, c’était les boulevards, ses petits restaus, ses cinémas. Le Provence, était le plus grand, et c’est là qu’on allait au ciné-club scolaire le dimanche matin. De l’autre côté du boulevard, on avait à la suite le Paris et le Mistral. Et encore un, dont j’ai oublié le nom, qui par la suite s’était spécialisé dans le X, derrière le Provence.
Avenue Pierre Semard, rue de la gare, il y avait le Rex. Et dernier cinéma je crois, le Chalet, rue Fulton. Le seul film que j’y ai vu devait être La vache et le prisonnier, d’Henri Verneuil, avec Fernandel. http://fernandel.online.fr/films/vache_et_prisonnier.htm
Plus tard, la MJC du Polygone offrait de nouveaux horizons sur le cinéma avec ses séances « Art et essai », on l’on découvrait Scorsese, Bertrand van Effanterre, Jean Eustache, Ken Loach, Faßbinder et tant d’autres…
Et puis Valence a changé de visage, tout doucement, ou parfois brutalement.
Le vieux Valence, la Grand rue, la place de la Pierre, ont vu leurs habitants changer, les loyers augmenter, les restaus familiaux devenir des restaus à la mode. Le « Petit Napoléon », les « pianos Langenddorf » ont fait place à d’autres commerces qui se sont succédé au rythme des modes de boutiques de fringues. Les vieux, les Nord-Africains et les marginaux qui vivaient là se sont déplacés vers d’autres quartiers, la ZUP de Valence-le-haut, Bourg-lès-Valence, et n’y sont pas revenus.
Et puis il y a des changements brutaux qui sont de l’ordre des caprices impériaux.
Valence, c’était aussi la rue Victor Hugo, qui, des boulevards au Pont-des Anglais, était cette immense voie vers le Sud, bordée de chaque côté de grands platanes, rattachant Valence comme limite extrême aux pays plus en relief de la vallée de la Drome, puis à Montélimar et aux vallées du Roubion et du Jabron, puis au Nyonsais et aux Baronnies.
Le Pont-des-Anglais est devenu un grand échangeur duquel tout piéton est banni, déversant ses flots de véhicules depuis l’entrée d’autoroute vers le sud, vers Grenoble… Le plateau de Lautagne, petit ilôt d’agriculture au sud-est de Valence, a été asphyxié par l’immense tranchée que le « délestage » autoroutier a imposé.
Le dernier grand bouleversement en ville, après avoir vu la disparition des grands magasins (Les Dames de France, les Nouvelles Galeries), est le passage au bulldozer des boulevards. Si Valence n’avait pas de cachet particulier comme ville, les boulevards réunissaient autrefois de nombreux petits commerces ; les aires de jeux rassemblaient les enfants vers la fontaine qui faisait face aux Nouvelles Galeries, et les jours de grosses chaleurs, l’été, promener sous les platanes, s’asseoir sur un banc restait un vrai plaisir. Des clowns parfois donnaient un spectacle de rue, les marchands de barbe à papa de pralines et de cacahuètes tournaient leurs mixtures dans de grandes bassines d’aluminium gris ou de cuivre rouge…
Le délestage d’une partie du trafic routier a permis de réduire les voies automobiles des boulevards. On en a profité pour couper ce qui restait de platanes. La fontaine ronde dont on admirait les aiguilles de glace, l’hiver, a été déportée de devant le bâtiment délabré des Nouvelles Galeries. Il reste les façades des maisons haussmanniennes qui surplombent encore l’immense esplanade qui descend vers le Rhone (sans accent), empruntée aux Cités obscures d’Urbicande http://www.urbicande.be/ . Les platanes ont été remplacés par de curieux bouquets géants de fleurs en tube d’aciers, qu’éclairent de leurs lueurs inquiétantes des rampes lumineuses.
Je croyais que c’était moi qui avais renoncé à Valence depuis longtemps. C’est Valence qui a dit adieu à elle-même.
Valence, j’y suis né, et j’y ai grandi. Est-ce pour cela que je n’aimais pas cette ville ? Quinze ans après la fin de la guerre, j’ai le souvenir de quartiers du centre ville encore en ruines. Le centre ville, c’était les boulevards, ses petits restaus, ses cinémas. Le Provence, était le plus grand, et c’est là qu’on allait au ciné-club scolaire le dimanche matin. De l’autre côté du boulevard, on avait à la suite le Paris et le Mistral. Et encore un, dont j’ai oublié le nom, qui par la suite s’était spécialisé dans le X, derrière le Provence.
Avenue Pierre Semard, rue de la gare, il y avait le Rex. Et dernier cinéma je crois, le Chalet, rue Fulton. Le seul film que j’y ai vu devait être La vache et le prisonnier, d’Henri Verneuil, avec Fernandel. http://fernandel.online.fr/films/vache_et_prisonnier.htm
Plus tard, la MJC du Polygone offrait de nouveaux horizons sur le cinéma avec ses séances « Art et essai », on l’on découvrait Scorsese, Bertrand van Effanterre, Jean Eustache, Ken Loach, Faßbinder et tant d’autres…
Et puis Valence a changé de visage, tout doucement, ou parfois brutalement.
Le vieux Valence, la Grand rue, la place de la Pierre, ont vu leurs habitants changer, les loyers augmenter, les restaus familiaux devenir des restaus à la mode. Le « Petit Napoléon », les « pianos Langenddorf » ont fait place à d’autres commerces qui se sont succédé au rythme des modes de boutiques de fringues. Les vieux, les Nord-Africains et les marginaux qui vivaient là se sont déplacés vers d’autres quartiers, la ZUP de Valence-le-haut, Bourg-lès-Valence, et n’y sont pas revenus.
Et puis il y a des changements brutaux qui sont de l’ordre des caprices impériaux.
Valence, c’était aussi la rue Victor Hugo, qui, des boulevards au Pont-des Anglais, était cette immense voie vers le Sud, bordée de chaque côté de grands platanes, rattachant Valence comme limite extrême aux pays plus en relief de la vallée de la Drome, puis à Montélimar et aux vallées du Roubion et du Jabron, puis au Nyonsais et aux Baronnies.
Le Pont-des-Anglais est devenu un grand échangeur duquel tout piéton est banni, déversant ses flots de véhicules depuis l’entrée d’autoroute vers le sud, vers Grenoble… Le plateau de Lautagne, petit ilôt d’agriculture au sud-est de Valence, a été asphyxié par l’immense tranchée que le « délestage » autoroutier a imposé.
Le dernier grand bouleversement en ville, après avoir vu la disparition des grands magasins (Les Dames de France, les Nouvelles Galeries), est le passage au bulldozer des boulevards. Si Valence n’avait pas de cachet particulier comme ville, les boulevards réunissaient autrefois de nombreux petits commerces ; les aires de jeux rassemblaient les enfants vers la fontaine qui faisait face aux Nouvelles Galeries, et les jours de grosses chaleurs, l’été, promener sous les platanes, s’asseoir sur un banc restait un vrai plaisir. Des clowns parfois donnaient un spectacle de rue, les marchands de barbe à papa de pralines et de cacahuètes tournaient leurs mixtures dans de grandes bassines d’aluminium gris ou de cuivre rouge…
Le délestage d’une partie du trafic routier a permis de réduire les voies automobiles des boulevards. On en a profité pour couper ce qui restait de platanes. La fontaine ronde dont on admirait les aiguilles de glace, l’hiver, a été déportée de devant le bâtiment délabré des Nouvelles Galeries. Il reste les façades des maisons haussmanniennes qui surplombent encore l’immense esplanade qui descend vers le Rhone (sans accent), empruntée aux Cités obscures d’Urbicande http://www.urbicande.be/ . Les platanes ont été remplacés par de curieux bouquets géants de fleurs en tube d’aciers, qu’éclairent de leurs lueurs inquiétantes des rampes lumineuses.
Je croyais que c’était moi qui avais renoncé à Valence depuis longtemps. C’est Valence qui a dit adieu à elle-même.
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